Dans une interview pour Le monde des Pâtissiers & Chocolatiers, Denis Guilbaud, Associé et Expert-comptable d'Exponens, livre les étapes clés pour maintenir la rentabilité d'une entreprise dans un contexte de hausse des prix des matières premières.
Avec l’inflation et la flambée des prix du cacao, la profession fait face à un dilemme : comment maintenir des marges tout en restant compétitif sur un marché de plus en plus tendu ? Denis Guilbaud, expert-comptable Associé chez Exponens, nous livre quelques pistes pour surmonter ces difficultés.
« CA mensuel et saisonnier, taux de marge, niveaux de frais fixes… Chaque année, lors du bilan, il faut avoir cette discussion “sur le
passé” avec votre expert-comptable, pour mieux agir dans le futur. »
Denis Guilbaud
Expert-Comptable Associé au sein du groupe Exponens
« Les artisans chocolatiers doivent mettre la question de la marge au coeur de leur analyse », indique Denis Guilbaud. L’expert-comptable estime qu’il est « inévitable » d’augmenter les prix de vente pour compenser les hausses de prix des matières premières. Mais cette augmentation doit être effectuée de manière réfléchie et lissée. « Vous devez analyser votre marge et déterminer un coefficient de marge », précise-t-il. Il est crucial de suivre attentivement les factures récentes et les variations du cours du cacao.
Optimisation des achats et maîtrise des coûts fixes
« Le prix d’achat des matières premières est également sujet à d’autres aléas, comme le coût du transport ou les droits de douane », ajoute Denis Guilbaud. Pour éviter que ces coûts ne grèvent trop la rentabilité, l’expert-comptable suggère de revoir les fournisseurs ou de négocier de meilleurs tarifs. « Les achats groupés peuvent aussi être une solution, souligne-t-il. Il faut aussi suivre le cours et parler avec ses confrères, confrontés aux mêmes réalités. » Il est tout aussi important de bien connaître ses frais fixes (salaires, loyers, maintenance, etc.). « La marge brute doit permettre d’absorber ces frais fixes », prévient l’expert. Quand il devient difficile d’atteindre l’équilibre, ou que les frais fixes augmentent, il faut répercuter ces hausses dans les prix ou trouver d’autres solutions d’économies.
Le seuil de rentabilité : un indicateur clé
Pour assurer une gestion saine de son entreprise, il est ainsi crucial de bien connaître son seuil de rentabilité. Ce « point mort », rappelle Denis Guilbaud, c’est « le seuil de chiffre d’affaires à partir duquel on devient rentable ». Pour le déterminer, il faut prendre en compte le taux de marge et les frais fixes. « Par exemple, si je sais que mon taux de marge brute s’élève à 60 %, et que mes frais fixes sont de 10 000 € mensuels, alors je dois réaliser chaque mois un chiffre d’affaires d’environ 17 000 € pour être à l’équilibre. C’est mon seuil de rentabilité. »
Communiquez auprès des clients
Pour ne pas surprendre sa clientèle, « il est impératif d’anticiper et d’augmenter ses prix, si possible progressivement, avant les pics d’activité, recommande Denis Guilbaud. Ne négligez pas le travail de communication vis-à-vis des clients ». Pour justifier les augmentations, il est judicieux de miser sur…
Source : Interview de Denis Guilbaud dans Le Monde des Pâtissiers et Chocolatiers – N.162 septembre-octobre 2024 Page V
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